Comment j’ai isolé ma maison par l’extérieur

Comment j’ai isolé ma maison par l’extérieur

Maison
Comment j'ai isolé ma maison par l'extérieur
(DR)
Romuald a réussi à isoler sa maison par l’extérieur. Il nous livre ses secrets et les photos de son chantier pour être imité !

Difficulté ✭✭✭✭

Comme tout le monde, je ne suis pas né dans le bricolage, je faisais bien quelques petits travaux de-ci de-là, mais très basiques. En 2007, l’achat d’une maison des années 1950 m’a fait plonger dedans… jusqu’au cou !

Ecolo dans l’âme (on n’est pas lecteur de Guide dépannage  pour rien !), ma rénovation devait être aussi écologique que possible. Cela n’a pas toujours été possible, mais on a fait du mieux possible. Quand on pense « maison écolo », on imagine d’abord une maison bien isolée et forcément, une maison des années 1950 ne l’est pas. Alors, quand le moment est venu de penser à isoler, nous sommes, comme beaucoup, partis pour faire une isolation intérieure, puis, en réfléchissant un peu, nous nous sommes décidés pour une isolation par l’extérieur. Pourquoi ? Pour les raisons suivantes :

- Nous étions pressés par le temps (arrivée imminente d’un bébé) et finir vite l’intérieur nous rendait la maison habitable, même non isolée,
- L’isolation extérieure peut être réalisée en plusieurs fois, mur par mur par exemple, ce qui permet d’ajuster au mieux son planning et son budget,
- En isolant par l’extérieur, on ne saccage pas l’intérieur, on ne perd pas de surface habitable,
- L’isolation extérieure supprime (ou réduit fortement) les ponts thermiques, c’est comme mettre un manteau, on le met sur soi, on ne l’avale pas !
- Enfin, cela permet de garder les masses lourdes à l’intérieur du volume isolé, vos murs vont donc stocker les calories de chaud en hiver, et les calories de froid en été, le bonheur !

Je vais donc vous montrer, photos à l’appui, comment on peut isoler soi-même sa maison, par l’extérieur, sans forcément être un « pro », il suffit d’être soigneux, de faire les choses bien, et vous allez voir que ce n’est pas si compliqué.

L’image ci-dessous vous montre la maison cobaye (la mienne) qui va voir le grand mur gris, au premier plan, isolé. Nous avons choisi celui-là en premier car il s’agit du mur le plus au nord de la maison, et il a la bonne idée d’être aveugle, ce qui rend les choses plus faciles pour commencer.

Le processus d’isolation est assez simple : on fixe sur le mur une ossature en bois, ces « boîtes » sont remplies d’isolant, et on ferme tout ça avec un habillage joli. C’est résumé bien sûr, mais vous avez là le concept général. Et j’en profite pour faire un petit avertissement : isoler en matériaux écolos c’est bien, mais c’est un souci de « riche » ; l’important est d’isoler, et tous les moyens sont bons. Aussi, j’expliquerai plus loin dans l’article comment on peut faire moins écolo et… moins cher.

C’est parti !

Tout le monde comprendra que le bois c’est bien, mais cela ne fait pas forcément bon ménage avec l’eau et l’humidité. Ainsi il convient d’isoler les parties fortement exposées à l’humidité avec un matériau imputrescible afin de protéger l’ossature à venir. Et si en plus on peut en profiter pour isoler un peu le sol de la maison, c’est encore mieux. Alors on creuse un peu, on « décaisse », dans le jargon, pour préparer la pose de l’isolant en partie basse.

Maintenant on peut commencer à poser l’isolant. L’idée est de remonter jusqu’à 35/40 cm au-dessus du sol afin de protéger l’ossature à venir des remontées capillaires. Nous avons choisi un isolant naturel et donc imputrescible, le liège. Pour faire moins cher, et tout aussi (peut-être même plus) efficace, préférez le polystyrène ou le polyuréthane. Nous collons sur le mur 2 épaisseurs de liège, une de 10 cm, et une de 5 cm, le tout en décalant les joints pour prévenir d’autant mieux les fuites de calories.

Note : On remarquera que nous avons ici la partie facile, car notre déport de toit nous permet de mettre 15 cm d’isolant. Pour les maisons traditionnelles sans déport, que l’on rencontre en Vendée notamment, il faudra envisager des travaux de plus grande ampleur pour rallonger les toits afin de couvrir l’épaisseur d’isolation, pas simple.

Si vous avez un poêle à bois et que vous envisagez de faire une entrée d’air dédiée, c’est le moment d’y penser. C’est ce que nous avons fait, perçage du mur, du liège, et rebouchage avec de l’isolant… pour plus tard.

Pensez aussi à poser vos plaques bien horizontalement, soyez soigneux, précis, etc. Ensuite, on attaque l’ossature proprement dite en commençant par l’ossature périphérique. La « lisse basse » en premier, c’est-à-dire les tous premiers chevrons horizontaux, puis les chevrons aux extrémités du mur. Ici on fixe avec des équerres et surtout, on y va généreusement sur le silicone, le but étant de rendre tout ce montage étanche.

On notera le silicone entre la « lisse basse » et le liège, là c’est pour l’étanchéité à l’air, il faut prévenir les fuites de colories. Après, c’est simple, on perce les chevrons, on fait les repérages sur le mur et on fixe ces chevrons directement en vissant au travers. Un chevron tous les 60 cm, et ça donne une ossature qui prend forme !

Ici c’est du bois d’ossature, un moyen de faire moins cher est certainement d’utiliser du bois de charpente. J’avoue ne pas avoir étudié cette solution, mais je le ferai certainement pour mon prochain mur. Une fois l’ossature terminée, c’est ici que les solutions diffèrent selon l’isolant choisi.

Isolation en panneaux

C’est le moment de remplir l’ossature avec vos panneaux, c’est facile, il suffit juste de les découper très légèrement trop grands pour qu’ils remplissent le vide au mieux. Un exemple sur un autre mur que nous avons isolé est là :

On voit que les petits compartiments ont été remplis, ici de laine de bois. La solution non écolo : utiliser des panneaux de laine de verre GR (grande rigidité) ou laine de roche. Côté écolo, il convient de penser aux panneaux de laine de chanvre/lin qui peuvent être produits localement (nous avons trouvé un fabricant en Vendée par exemple).

Isolation en vrac

Pour remplir l’ossature avec un matériau en vrac, il convient au préalable de fermer cette ossature. Ici nous avons utilisé des panneaux rigides de laine de bois haute densité, ça s’emboîte tout seul, ça ajoute un peu d’isolation (ils font 25 mm) et ils ont une fonction « pare-pluie », c’est à dire qu’ils vont protéger l’isolant contre l’humidité. Solution moins chère : utiliser des films « pare-pluie », en rouleaux. Faciles à poser et pas chers, mais probablement moins durable.

Maintenant, il convient de remplir l’ossature et là, tout dépend de votre choix. Nous avons choisi une solution pas chère et écolo (c’est si rare qu’il faut le souligner) : la ouate de cellulose à insuffler. Par contre, il faut utiliser une machine spéciale pour remplir vos « boîtes », on va voir ça.

Etant donné que l’on va maintenant insuffler de la ouate dans ces « boîtes », il convient que tout soit bien étanche, sinon… vous aurez l’impression qu’il neige ! Ce qui signifie de bien calfeutrer tous les petits trous comme ceux que l’on voit autour des chevrons de la charpente sur l’image qui suit.

Ensuite on insuffle, et pour cela, pas d’image. Avec une scie cloche, on fait un trou dans chaque « boîte », tout en haut, trou d’un diamètre suffisant pour y faire passer le tuyau d’insufflation. Puis place à la machine. Nous en avions loué une qui tient dans le coffre d’un monospace standard.

C’est très simple à utiliser, il faut juste bien veiller à doser la ouate aux alentours de 60 kg/m3 sinon, ça va se tasser avec le temps. Pour doser, c’est facile : + d’air = moins de matière = densité plus forte, – d’air = moins de matière = densité plus faible, car c’est l’air qui, en poussant la ouate, va la tasser.

Ensuite, et pour chaque boîte, le processus est le même :
- on entre le tuyau jusqu’à ce qu’il touche le fond
- on insuffle jusqu’à ce que le tuyau se bouche (ça s’entend très bien)
- on retire le tuyau de 50 cm environ
- on insuffle… et ainsi de suite.

Il faut donc être 2 pour insuffler, une personne qui alimente la machine en ouate, une qui manipule le tuyau et se charge de l’insufflation. Et là, normalement, si votre montage n’est pas étanche, vous le verrez tout de suite, la ouate volera partout !

Comment vérifier si la ouate a la bonne densité ? Certains font des essais dans des grandes poubelles et prennent des carottages. Pour notre part, nous avons procédé plus simplement, nous avons simplement calculé le volume de chaque « boîte », puis calculé la masse de ouate par « boîte » et la masse totale en additionnant le tout. Enfin nous avons simplement vérifié que la masse de ouate effectivement insufflée correspondait bien à celle calculée.

Pour ce grand mur de presque 40 m2 et pour 120 mm d’épaisseur de ouate, nous avons mis un peu plus de 4h pour insuffler. C’est assez rapide. Je n’ai plus les chiffres en tête, mais la masse totale insufflée correspondait assez bien à notre calcul.

A ce moment-là, votre mur est isolé ! Reste maintenant à l’habiller.Pour cela, nous avons choisi un matériau écolo, le bois, et comme on est un peu fainéants sur les bords, nous ne voulions pas avoir à le traiter périodiquement. En acceptant que le bardage devienne gris avec le temps, quelques essences peuvent rester en l’état sans traitement : le cèdre, le mélèze et le douglas sont les plus connus. Le cèdre est connu sous l’appellation « Red Cedar » car il vient la plupart du temps du Canada… pas très écolo tout ça. Mais, on trouve des producteurs en France, ce fut notre choix.

Mais, nous devons d’abord préparer la pose du bardage. Pour cela, on va clouter des tasseaux sur le mur, d’environ 25 mm d’épaisseur. Ces tasseaux servent à ventiler le bardage. La pose des tasseaux (du simple bois de charpente) est simple, il convient juste de veiller à maire une petite pente pour l’écoulement de l’eau qui pourrait éventuellement passer derrière le bardage. Une fois les tasseaux posés, on pose le bardage. Et le résultat est plutôt sympa.

Un bardage bois coûte entre 40 et 80 euros/m2. Pour des solutions moins chères, on peut s’orienter vers du bois composite, du bois à peindre, voire à du bac acier dont le coût de 10 euros/m2 est quasi imbattable.

Quelques conseils pour se lancer dans de tels travaux :

- Être au moins 2, c’est fou comme en matière de travaux 1+1 ne fait pas 2, mais bien plus que ça encore, donc être 2, c’est le minimum

- Avoir de bon outils, une bonne visseuse, ça coûte cher, si vous en achetez une à 40 euros et qu’elle vous lâche, c’est du temps perdu pour vous et les gens qui vous aident, donc ayez les bons outils, et si vous le pouvez, doublez les, 2 visseuses, 2 perceuses, 2 scies sauteuses, … c’est autant de temps gagné parce qu’on peut laisser un appareil en haut de l’échafaudage et un en bas, par exemple (et je ne parle même pas des mètres, crayons…)

- planifiez votre « session » de travail, faites l’inventaire des étapes, listez les matériaux que vous avez déjà, ceux que vous devez acheter, dimensionnez ce qui doit l’être, faites des dessins…bref, des travaux se préparent à l’avance,

- Achetez tout avant de commencer. Cela peut paraître bête, mais ce sera d’autant de temps de gagné pour vous et vos comparses, vous serez plus efficace,

- N’achetez pas du bas de gamme, que ce soit pour des vis, des clous, des embouts de perceuse… Achetez les marques spécialisées, si elles existent, c’est qu’elles font du matériel reconnu pour ses qualités

- Formez-vous, savez-vous comment je me suis formé à ça ? Sur Internet, j’ai parcouru des forums et lu des bouquins, c’est tout ; après un peu de logique, comprendre par exemple comment l’eau va s’écouler à un endroit précis, et vous voilà armé pour affronter de tels chantiers, vraiment, c’est pas si compliqué !

Contrairement au slogan de Guide dépannage , loin de moi l’idée de donner une leçon, mais si cet article peut vous donner le courage de vous lancer, alors il aura atteint son but.


Merci à David, lecteur responsable de Guide dépannage , pour ce récit

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